La Revue d’Allemagne prévoit la publication, dans le n° 1/2017, d’un dossier consacré à l’année 1917 en Europe
CFP pour le 30 octobre 2015
1917 ou « L’année impossible » comme l’a qualifiée Jean-Jacques Becker[1], en raison de la multitude d’événements parfois difficilement saisissables qui la compose. Les contemporains, en Europe, sont désormais las de la guerre. Celle-ci a déjà très lourdement saigné les peuples, après de terribles batailles sur divers fronts, et plongé les sociétés dans le deuil. Alors que se renforce la tension entre deux mouvements, l’un de refus de la guerre, l’autre de radicalisation, la question de la poursuite de la guerre, de son acceptation par les soldats sur le front et les sociétés à l’arrière, de la cohésion des nations, est ouvertement posée, comme le montrent les nombreuses mutineries. Et puis la configuration du cercle des belligérants se modifie très profondément : d’un côté, la guerre se mondialise encore davantage, avec l’entrée en guerre des États-Unis et l’arrivée de leurs soldats sur le sol européen ; de l’autre, la Russie sort de la guerre. Sur le moment même et sans doute même sur le plus long terme, l’impact de la révolution bolchevique n’a été perçu qu’à l’aune de ses conséquences directes sur le conflit mondial. Ce n’est que des décennies plus tard que, jetant un regard rétrospectif sur le siècle, des historiens, à l’instar d’Eric Hobsbawm, ont fait de l’année 1917 dans son ensemble, un point tournant, une césure, si ce n’est le début du court xxe siècle. Si le rapport de 1917 au siècle a été revisité, celui de cette « année impossible » à la guerre dans son ensemble l’a été lui aussi et de manière récente. Le cycle des manifestations de commémoration de la Première Guerre mondiale, en France, a été lancé par l’exposition « 1917 », qui s’est tenue au Centre Pompidou – Metz de mai à septembre 2012[2]. Car l’année 1917 en Europe n’est pas seulement l’espace-temps d’une histoire terrifiante de la guerre, des États et des sociétés en guerre. Elle marque également un foisonnement artistique porté tant par des artistes confirmés que des amateurs devenus artistes ou écrivains par la guerre. L’année 1917 marque l’émergence d’une représentation renouvelée de la guerre, avec de nouveaux courants (le surréalisme notamment). Il s’agit d’un moment d’accélération et de rupture artistique, auquel contribue la propagande (artistique, culturelle, médiatique), et qui, inversement, doit compter avec la censure. La densité historique de l’année 1917, jointe à cette mutation des représentations, ont contribué à façonner « la » voire « les » mémoires de 1917.
Ce dossier se propose de réunir des contributions portant sur cette triple dimension d’histoire, de représentation et de mémoire de l’année 1917 en Europe.
Les propositions, sous la forme d’un résumé de 1500 à 2000 signes, peuvent être envoyées à la rédaction de la revue avant le 30 octobre 2015 pour examen par le comité de rédaction, qui répondra en novembre 2015. Les articles définitifs devront être livrés pour fin mai 2016 pour expertise avant publication dans le n°1/2017.
[1] Jean-Jacques Becker, 1917 en Europe : l’année impossible. Bruxelles, Éditions Complexe, 1997.
[2] Claire Garnier
et Laurent Le Bon (éd.), 1917, Éditions du Centre Pompidou-Metz, 2012.