En hommage à/Im Gedenken an Prof. Dr. Jean Nurdin (1922-2021)

Professeur de civilisation allemande et d’histoire des idées à l’Université de Bourgogne jusqu’à son éméritat en 2003, Jean Nurdin, né à Fougerolles (Haute-Saône) en 1922 est décédé dans sa 99e année dans la ville de Dole, l’ancienne capitale de la Franche-Comté, à laquelle il était très attaché. Il avait soutenu en 1977 à Metz sa thèse de doctorat sur le thème de « L’idée d’Europe dans la pensée allemande à l’époque de Bismarck » qui a été publiée, sous ce titre, chez Peter Lang (Berne) en 1980. Il a également enseigné l’histoire de l’idée européenne à l’Université de Mayence. Ses recherches et réflexions tournent autour de l’idée d’Europe comme base de la construction européenne qu’il défendait avec une sorte de nostalgie. Parmi ses nombreuses communications à des colloques de l’Université de Franche-Comté auxquels il a participé, on relèvera en particulier, en 1992, sa contribution « De la fête de Hambach à Heinrich Mann » qui traite du mythe des Etats-Unis d’Europe chez les intellectuels allemands qui voyaient dans l’Europe un vecteur de démocratie et d’idées républicaines (PU de Franche-Comté 1994). En 1994, il participe une nouvelle fois au colloque « L’identité culturelle, laboratoire de la conscience européenne » organisé, sous la direction de Marita Gilli, par le laboratoire Littérature et histoire des pays de langues européennes de l’Université de Franche-Comté. Sa communication porte, dans la droite ligne de la précédente, sur «Les intellectuels allemands et l’identité culturelle de l’Europe» (PU de Franche-Comté 1995).

Dans son ouvrage Le rêve européen des penseurs allemands. 1700-1950,  publié en 2003 aux Presses universitaires du Septentrion (Villeneuve d’Ascq,  https://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100013120),  qui est comme la synthèse de ses recherches,  il exprime la crainte que « l’Europe en construction » ne réponde pas à l’idée que s’en faisaient ses initiateurs un demi-siècle plus tôt et s’éloigne de leur objectif premier de construire une fédération reposant sur le « noyau dur » de la réconciliation franco-allemande  et soit plus qu’un grand ensemble économique et commercial.  J. Nurdin ne cesse dans cet ouvrage de rappeler que les  « penseurs allemands » ont contribué à enrichir le débat sur l’Europe, son identité, sa culture, son organisation et son avenir. Dans des discours ultérieurs il rappelle aux Français le rayonnement de « l’Allemagne des écrivains et des penseurs » mais aussi de la musique et donne en exemple l’action menée, du côté français, à partir de 1945 par les  grands médiateurs que furent E. Vermeil et R. Minder, A. Grosser et J. Rovan dont il avait fait la connaissance à Nancy et à la Sorbonne. Il évoque également avec fierté le jumelage entre les villes de Dole et de Lahr où eut lieu en 1947 la première rencontre franco-allemande d’écrivains, accordant une place particulière à l’action conduite par Jean Charles Moreau, originaire de Dole, tant à Baden-Baden, capitale de la Zone française d’occupation en Allemagne, qu’à Bruxelles (voir « Rencontres inoubliables », 2015 et www.lyceebaden.net/2015/10/31/jean-nurdin/ ), Pour lui comme pour Jean Nurdin le rapprochement franco-allemand était le fondement de la construction européenne.

– Jérôme Vaillant –